Préparer l'avenir de la filière semences et plants
L’agriculture tient un rôle majeur dans le combat contre le réchauffement climatique et pour nourrir la planète. Les acteurs de la filière semences et plants prennent leur part de responsabilité au travers du projet stratégique 2021-2023 déployé par l’interprofession. Celle-ci a indéniablement un rôle d’accompagnement des acteurs de la filière à jouer. Pour le président, François Desprez, SEMAE a « l’ambition de saisir les préoccupations de son environnement au sens large, incluant consommateurs, citoyens, ONG et société civile, pour faire évoluer notre façon d’être et d’agir ».
Les valeurs de SEMAE sont clairement énoncées dans le plan filière de l’interprofession : solidarité, ouverture et transparence, innovation et progrès, responsabilité. Elles se reflètent dans toutes les parties du projet, pour non seulement produire mieux, mais également plus. L’enjeu : nourrir la planète en minimisant notre empreinte carbone.
Répondre aux attentes des citoyens
En 2021, en lien avec la réflexion sur le projet stratégique, le GNIS change d’identité : SEMAE est né. Ce changement de nom symbolise l’une des évolutions majeures de l’interprofession, à savoir son souhait d’ouverture, notamment en direction de la société.
Pierre Pagès, vice-président de SEMAE, cite ainsi quelques changements fondamentaux dans la structuration de l’interprofession. « Tous les syndicats agricoles représentatifs disposent d’un siège au Conseil d’administration ou sont élus en Section et notamment la Coordination rurale, les Jeunes Agriculteurs et le Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux) ».
Une nouvelle Section « Diversité des semences », a également été créée pour échanger sur tous les sujets des semences avec la présence de nouveaux acteurs professionnels. Des acteurs de la société civile comme les chefs cuisiniers et les jardiniers amateurs ont aussi été conviés.
Des commissions transversales ont été mises en place pour décloisonner les échanges sur l’agriculture biologique, la communication, l’innovation, les études et la réglementation.
SEMAE est même allé plus loin en constituant un comité des enjeux sociétaux composé uniquement de personnes issues de la société civile : sociologues, scientifiques, consommateurs, agriculteurs. « Ils détiennent un rôle de vigie, d’alerte par rapport au métier et au mode de fonctionnement de l’interprofession » commente Pierre Pagès. C’est Pierre-Benoit Joly, économiste et sociologue, président d’INRAE Occitanie qui le préside.
Basile Faucheux, vice-président des Jeunes Agriculteurs, insiste sur les bénéfices du « travailler ensemble », de l’échange et de la cohésion pour « relever les défis ».
Produire plus et mieux
« L’innovation est au cœur de nos métiers ». Pierre Pagès souligne son importance pour pouvoir à la fois produire et nourrir mieux, mais aussi plus. « La guerre en Ukraine nous a rappelé combien il était important de sécuriser également l’aspect quantitatif. Seule l’innovation nous permettra de répondre à la demande alimentaire mondiale ». Il évoque notamment la sélection variétale avec le développement de variétés résistantes, mais aussi le contrôle des maladies, la diversification des espèces.
Il est conscient que l’innovation fait parfois peur, mais veut alerter : « l’innovation se fera avec ou sans l’Europe : avançons, ne nous isolons pas sur ces sujets d’avenir ». Il rassure néanmoins sur la position de l’interprofession : « l’aspect réglementaire est essentiel à traiter pour encadrer et sécuriser les pratiques ».
Favoriser l’entrée de l’innovation dans les entreprises revient pour lui à renforcer la filière et sa compétitivité tout en répondant aux enjeux d’avenir. « La France est aujourd’hui le premier exportateur mondial de semences avec une valeur commerciale de plus d’un milliard d’euros ». Son savoir-faire est reconnu et le sera encore dans l’avenir grâce aux innovations.
L’attractivité de la filière dépend également de tous ces facteurs. Pour assurer une montée en compétence et « attirer des jeunes », il estime que la filière doit être « plus visible ». La présence de ces sujets dans l’enseignement agricole est absolument nécessaire pour que la jeune génération « s’approprie tous ces enjeux sociétaux et environnementaux ».
Préserver la biodiversité
L’interprofession a « un rôle à jouer et des actions fortes à mener dans la conservation des ressources génétiques ». SEMAE est donc engagé sur le TIRPAA*, un traité international encadrant la conservation des ressources phytogénétiques. Elle soutient la démarche en accompagnant l’accord financièrement à hauteur de 175.000 euros par an.
Le Fonds Collections & Biodiversité a également été créé pour soutenir l’appel à projet du GEVES* sur ce sujet. « Tout un travail est réalisé pour préserver des variétés anciennes à destination des amateurs ». Ces variétés sont d’ailleurs inscrites au catalogue et y sont maintenues grâce au financement de SEMAE, bien qu’elles n’aient pas de valeurs marchandes.
« Il est important que le cadre réglementaire soit respecté pour que les utilisateurs, notamment les jardiniers, puissent bénéficier de semences de qualité ».
Tous ces changements mis en place récemment porteront peu à peu leurs fruits. Mais Pierre Pagès l’assure : ils ont pour but « d’échanger avec tous les acteurs engagés sur le sujet », mais aussi de porter des décisions plus impactantes pour l’avenir.
*TIRPAA : Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture / GEVES : Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences
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Photo haut de page : © SEMAE / Paul Dutronc