L'interprofession des semences et plants
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Place aux femmes dans la filière !

Nathalie Dedieu était l’une des premières femmes à inspecter les champs de production de semences à l’époque du GNIS. Passionnée et impliquée, elle est désormais une professionnelle reconnue dans un secteur agricole encore masculin.

Nathalie Dedieu, aujourd’hui chargée de communication réseaux sociaux chez SEMAE, affiche la couleur d’entrée de jeu : « J’aimerais qu’être une femme dans le secteur agricole ne soit plus un sujet ». Pourtant, les chiffres ne peuvent qu’interpeller celle qui fût l’une des premières femmes contrôleur(1) de l’interprofession des semences et plants : l’ensemble du secteur agricole n’emploie que 30% de femmes. « J’ai débuté au GNIS comme contrôleuse dans les années 90. Bien qu’il y ait déjà eu une femme avant moi, j’étais à ce moment-là la seule sur une quarantaine de contrôleurs », témoigne Nathalie.

(1) Remplacés ensuite par les inspecteurs avec l’accréditation de SEMAE

Nathalie Dedieu, Chargée de communication Réseaux sociaux à l’interprofession – © SEMAE / Thibaut Del Pino

SEMAE, précurseur de la féminisation

Après son BTS en production végétale, elle postule à des postes de technicien, notamment dans des coopératives agricoles. « J’ai essuyé quelques refus. En plus de mon manque d’expérience – je ne suis pas issue du milieu agricole – j’ai eu le sentiment que les métiers techniques au contact des agriculteurs étaient plutôt réservés aux hommes », suggère-t-elle. Elle est finalement embauchée au GNIS en tant que contrôleur dans la région Centre. Nathalie s’est facilement intégrée dans ce milieu d’hommes même si, concède-t-elle, il lui fallait peut-être faire davantage ses preuves. « Ma curiosité, mon écoute et ma détermination à faire avancer les choses m’ont permis d’imposer la présence des femmes et de monter en compétences techniques », affirme-t-elle. Très vite, d’autres femmes rejoignent le GNIS jusqu’à atteindre la parité dans ces postes de techniciens. « L’interprofession a un rôle précurseur dans la féminisation du monde agricole », soutient Nathalie.

Nathalie et ses collègues contrôleurs, 1996 – © SEMAE

Une professionnelle reconnue par la filière

« Une personne impliquée, à l’écoute des besoins des professionnels, sans prétention et qui a la volonté de faire avancer les choses, est reconnue et appréciée pour qui elle est, quel que soit son sexe », insiste Nathalie. Reconnue, elle l’est aussi par sa hiérarchie qui lui offre ensuite un poste de chargée de communication sur la région Centre. C’est l’occasion pour elle d’entrer en contact avec l’ensemble des acteurs du monde agricole. Pour asseoir sa légitimité dans ce secteur masculin, elle mobilise aussi bien ses qualités humaines que les solides compétences qu’elle a acquises sur le terrain, auprès des professionnels.

Passionnée par un univers qui répond aux enjeux de la société, elle poursuit aujourd’hui son action sur les réseaux sociaux. « Je m’appuie sur ma connaissance de la filière pour mettre en lumière celles et ceux qui nous nourrissent, et pour faire évoluer la perception de leurs métiers et de l’agriculture(2). Je pense d’ailleurs que si les femmes connaissaient mieux nos métiers, elles seraient plus nombreuses à postuler. » conclut-elle. En effet, l’enseignement agricole(3) compte 49% de femmes mais elles ne sont que 39% dans les formations de production, même si cela progresse, contre 77% dans le service aux personnes et aux territoires. SEMAE a encore de beaux défis à relever !

Les femmes bien représentées en formation technicien(ne)s agréé(e)s maïs, 2014 – © SEMAE / Pierre Liotard

(2) Voir la campagne de communication Semeurtime
(3) Hors apprentissage, qui compte 23% de femmes

💡 L’inspection au champ, ça me botte !

Dans les années 90, trouver des bottes vertes de bonne qualité est une gageure pour les femmes. Ne souhaitant pas se contenter de bottes fantaisies dénichées dans le rayon jardinage, Nathalie Dedieu, alors contrôleuse, a adopté des bottes trop grandes pour son 38 : « Un jour où il avait beaucoup plu, pendant un contrôle avec un collègue, je me suis enlisée au milieu du champ. Mon pied n’étant pas tenu, je n’ai pas réussi à marcher et mon collègue a dû me porter pour sortir du champ ! ».


Contrôle sur parcelles de multiplication d’orge – Années 90 – © SEMAE / Studio 77

💡 Une femme dans mon champ !

Un jour, Nathalie Dedieu effectue un contrôle dans un champ de production de semences avec un technicien. À l’époque, les femmes n’étaient pas légion dans le métier. Alors seule à un bout de la parcelle, elle se fait alpaguer par l’agriculteur en colère. « Il m’a prise pour une petite jeune qui s’amusait dans son champ, j’ai eu du mal à lui expliquer que je travaillais ! », se remémore-t-elle en souriant.

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Photo haut de page : © SEMAE / Paul Dutronc