Potager : les clés d’une bonne couverture végétale avant l’hiver
Guy Tournellec
Expert à la Société Nationale d’Horticulture de France
Passés les plaisirs des dernières récoltes d’automne, il est temps d’assurer une couverture hivernale pour le sol du potager. Les conseils de Guy Tournellec, spécialiste du jardin.
Laisser nue la terre du potager, en prise directe avec le vent, le gel et les précipitations hivernales, c’est prendre le risque de voir vos sols s’éroder. Selon Guy Tournellec, il existe trois solutions pour l’éviter. La première ? « Couvrir d’un paillis (chanvre, lin, sarrasin…), qui limitera la circulation des limaces, gênera le cycle de vie des nuisibles et assurera un hors gel à votre sol. » Autre option : planter des cultures hivernales (chicorées sauvages, choux d’automne…), « en veillant à pailler entre les rangs pour prévenir le phénomène de battance(1) provoqué par une terre dénudée ». Enfin, troisième possibilité : semer à la volée des Fabacées (légumineuses), telles que le trèfle violet, la féverole, la vesce ou le lupin. « Elles possèdent la propriété de fixer l’azote de l’air sur leurs racines et se révèlent être de véritables mini-usines productrices de fertilisants naturels. » Des plantes à développement rapide, dotées d’un système racinaire important (colza, radis fourrager, moutarde, navette, sarrasin…), font aussi l’affaire.
Des terres plus vivantes
Les avantages de ces engrais sont multiples (fort pouvoir couvrant, frein aux mauvaises herbes du fait de leur croissance rapide, suppression du risque de battance), mais ils permettent aussi, insiste Guy Tournellec, « de garder un sol meuble et aéré, où la vie biologique est quatre fois supérieure à celle d’un sol non protégé ». La raison ? « Leur système racinaire puissant décompacte la terre et leur décomposition apporte en surface humus et minéraux puisés en profondeur, où lombrics et micro-organismes nécessaires à la vie du jardin aiment s’abriter. »
Quelle que soit l’option retenue, dans les trois cas, la couverture hivernale ainsi créée permet de maintenir une couche superficielle du sol riche en humus et en minéraux. En effet, pendant la croissance de la plante et après sa destruction, l’azote stocké est « libéré » progressivement dans le sol, et utilisé par les plantes voisines et les cultures suivantes. A condition de respecter quelques règles de plantation.
Les secrets d’un bon engrais
« Ces engrais sont à semer dès la fin de l’été, afin qu’ils aient le temps de pousser avant les premières gelées », prévient le spécialiste. Puis, dès janvier, il faut passer la tondeuse ou la débrousailleuse « pour que ces végétaux se décomposent et enrichissent le sol ». Ensuite, au début du printemps, trois ou quatre semaines avant les semis, ou mieux, avant la plantation « on enfouit le tout à l’aide d’une grelinette [fourche qui aère la terre, ndlr], afin que le sol ait le temps de se réchauffer ». Enfin, ne pas oublier la rotation des cultures : pas d’engrais verts de la même famille l’année suivante.
(1) Sous l’effet du froid, le sol se durcit, ce qui limite la pénétration des eaux de pluies.