Pelouses naturelles, rien ne peut remplacer le vivant !
Alors que la France se prépare à accueillir les Jeux Olympiques en 2024, les projecteurs sont braqués sur les stades. Un spécialiste du gazon livre son expertise pour proposer dans chaque commune une pelouse appropriée.
Hervé Eric Cochard
Ingénieur agronome, consultant en sols sportifs
Quelles bonnes raisons une commune a-t-elle pour investir dans un terrain de sport en pelouse naturelle ?
Ses avantages multiples proviennent de son caractère vivant. Les mélanges de gazons utilisés sont de plus en plus résistants au piétinement. La pelouse naturelle est souple et amortit les chutes, c’est confortable au jeu. Elle reste fraîche, même en plein été, et s’auto-épure, contrairement aux pelouses synthétiques qui sont des nids à microbes. Enfin, le naturel est propre et son bilan carbone est largement positif : 1 hectare de gazon absorbe l’équivalent du CO2 annuel émis par 30 voitures ! Une étude menée en 2010 par l’université de Berkeley, aux États-Unis, a démontré que « le gazon artificiel rejette plus de gaz à effet de serre pendant sa production, son transport et son traitement que tout ce que pourrait générer l’entretien du gazon naturel ».
Les pelouses synthétiques sont-elles une alternative au gazon naturel ?
Sur les 30 000 hectares de stades engazonnés en France, 10% le sont en synthétique. Le temps de jeu y est illimité, quelles que soient les conditions météo. Dans les communes à forte pratique sportive, le synthétique a sa place. Il n’est pas tributaire des saisons et de l’humidité, alors qu’entre novembre et mars, le naturel ne peut accueillir plus d’un à trois matchs par semaine. Mais la durée de vie du synthétique n’excède pas dix ans et son coût de destruction s’élève à des dizaines de milliers d’euros ! L’arrosage, nécessaire en été, et l’humidité transforment sa surface en bouillon de culture, dangereux en cas de blessure. Et le caractère cancérigène des caoutchoucs recyclés utilisés pour ce type de revêtement est suspecté.
Quels moyens se donne la France pour ne pas réitérer les erreurs de l’Euro 2016 de football, au cours duquel des stades présentaient un gazon déficient ?
En 2016, l’UEFA [ Union des Associations Européennes de Football ], qui avait la main sur le suivi ou la rénovation des terrains, avait missionné des experts anglais. Et des choix regrettables ont été faits. Dans la perspective des JO de 2024, la surveillance est confiée à des bureaux d’études français. Chaque terrain est géré selon un cahier des charges très strict (plan de fertilisation, d’arrosage, etc.). Le niveau d’expertise est bien meilleur. Par ailleurs, la Société Française des Gazons (SFG), en partenariat avec les professionnels de la filière, va publier des communiqués réguliers sur l’état et l’évolution de chaque pelouse olympique.
Quels conseils donner aux communes qui accueilleront des équipes nationales pour les entraînements aux JO ?
Le compte à rebours pour l’entretien du gazon commence six mois avant. En cas de réfection plus profonde, il faut compter un an. Les communes doivent anticiper et s’entourer de professionnels compétents dont l’excellence en matière de pelouse naturelle est le métier.