La loi Labbé doit désormais s’européaniser
Joël Labbé
Sénateur écologiste du Morbihan
Quel bilan faites-vous de l’application de la loi dont vous êtes l’auteur sur la suppression de l’utilisation des produits phytosanitaires ?
Pour les collectivités, ce qui était annoncé comme une mesure difficile à mettre en œuvre a finalement été appliqué très largement. De même, pour les jardins domestiques, la loi n’a fait qu’accélérer le recours à des alternatives. L’impact est positif, avec le retour d’une plus grande biodiversité végétale et animale en ville. On a même assisté à une révolution culturelle pour les cimetières, qui n’étaient pas inclus à l’origine dans le texte, avec de nombreuses communes privilégiant désormais la végétalisation.
Qu’en est-il du projet d’arrêté sur les extensions de la loi pour les cimetières justement, mais aussi pour les stades ?
L’arrêté est soumis à consultation. Il doit permettre, d’ici 2022, d’étendre la loi aux cimetières, aux stades, aux copropriétés d’habitat, aux campings et aux surfaces de loisirs. Les stades de haut niveau ne seront concernés qu’en 2025… après les Jeux olympiques. C’est dommage sachant qu’y sont utilisés des fongicides très toxiques. Reste à traiter la question des forêts privées, qui n’est pas prise en compte par le texte.
A terme, quels nouveaux objectifs vous donnez-vous ?
Il faut que l’Union européenne s’approprie à son tour la loi française, qui est la seule à prôner ce niveau d’exigence. Je dois bientôt rencontrer la Commission européenne à ce sujet. La motion que je défends sur ce thème a été retenue pour le prochain congrès mondial de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), qui se tiendra en janvier 2021 à Marseille. Enfin, à terme, l’objectif est aussi d’arriver à zéro phyto dans l’agriculture.