Filière colza : l’innovation végétale est au cœur de notre métier !
Laurent Bourdil,
Président de la section Oléagineux du Gnis, agriculteur semencier dans le Sud-Ouest
La filière colza s’est organisée pour regrouper tous les maillons de la chaîne (producteurs de semences, utilisateurs industriels, consommateurs…) afin que la recherche en matière de végétal soit toujours dans l’anticipation. La filière colza oriente tous ses efforts vers la sélection de nouvelles variétés répondant aux besoins des consommateurs, aux exigences de la réglementation française et européenne (telles que la diminution des intrants), ainsi qu’à trois objectifs : un rendement et une qualité optimaux et une résistance aux maladies et aux ravageurs, ce dernier critère faisant l’objet d’investissements particulièrement importants.
Le catalogue français de semences, géré par le ministère de l’Agriculture, compte plus de 257 variétés de colza(1). Rien qu’en 2017, il a été enrichi d’une trentaine de références. Mais de nouvelles techniques de sélection végétale sont nécessaires pour faire face aux défis futurs. Ainsi la mutagénèse, processus naturel amélioré par l’homme et largement utilisé dans la sélection des variétés depuis plus de soixante ans, joue un rôle essentiel dans la capacité des acteurs de la filière semencière à s’engager pleinement dans la transition agroécologique. Par exemple, les colzas double zéro, obtenus par ce biais, produisent une huile meilleure pour la santé.
Le 25 juillet dernier, la Cour de Justice de l’Union européenne a précisé le statut juridique de la mutagenèse vis-à-vis du droit communaire. Que faut-il en retenir ? Les variétés issues de techniques existant avant la directive 2001/18(2), telles que les colzas double zéro, continueront de bénéficier d’une dérogation à la réglementation dites « OGM ». Quant aux variétés issues de techniques plus récentes et à venir, elles ne sont pas interdites en Europe, mais elles devront se conformer aux procédures d’évaluation prévues par les textes actuels pour les variétés transgéniques. Le Conseil d’État doit se prononcer sur l’application en droit français de l’arrêt. Dans la continuité du plan de filière semences et plants, défini à la suite des États généraux de l’alimentation, nous ne doutons pas que sa décision sera conforme à l’arrêt de la CJUE et confirmera la possibilité d’utiliser une partie de ces techniques dans le processus d’innovation variétale dont la transition agroécologique a grand besoin.
(1) Données Gnis 2017.
(2) Directive relative à la dissémination volontaire d’organismes génétiquement modifiés dans l’environnement.