L'interprofession des semences et plants
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Alix de Saint Venant, la passion de Valmer à Vavilov

Janvier 2016

Un grain de folie... Alix de Saint Venant ne nie pas qu’il lui a été nécessaire pour créer, conserver, et parfois donner des collections complètes de variétés de légumes oubliés. Du Jardin historique du château de Valmer en Val de Loire, à l’institut Vavilov, à Saint-Pétersbourg, retour sur une trajectoire hors du commun.

Une insatiable curiosité, une redoutable énergie complétée d’une remarquable patience : aucun défi ne pouvait résister à ces traits de caractères, rassemblés en la personne d’Alix de Saint Venant. C’est au cœur du domaine familial du château de Valmer en Touraine, que cette passionnée de légumes anciens, à la fois paysagiste et botaniste, se lance en 2000 dans la transformation du jardin historique du château en un potager conservatoire.

3 500 variétés rassemblées

« De la folie ! », lance-t-elle d’emblée. Il faut dire qu’elle place haut la barre en tentant de ressusciter dans sa collection de légumes et de plantes comestibles des variétés comme le Cardon de Touraine, « très piquant mais un des meilleurs » ou la Mertensie maritime, « plante à goût d’huître qui pousse à l’état sauvage sur les côtes françaises ». La quête se poursuit encore pour le Cardon. Avis aux amateurs ! Elle n’en finit pas moins, sourit-elle, « reine des gourdes », cette espèce étant largement représentée dans sa collection de 3 500 variétés rassemblées et conservées. « Notre bible ? Les plantes potagères de Vilmorin-Andrieux et cie », poursuit Alix de Saint Venant. Car il ne suffit pas de retrouver une variété ancienne. Encore faut-il l’identifier avec certitude. « Le terme de variétés anciennes est utilisé à tort et à travers, remarque-t-elle. En fait, les neuf dixièmes datent de la sélection du 19e siècle. » Elle préfère la dénomination variétés patrimoniales, dans le sens où ces variétés sont adaptées à une région. C’est le cas de l’artichaut de Madame Simon, du nom d’une tourangelle qui lui a confié quelques oeilletons d’artichaut remarquablement adaptés à la région. La quête ne se cantonne cependant pas au Val de Loire. Si semenciers et réseaux amateurs sont sollicités dès le début de l’aventure, internet vient ensuite élargir le champ de la recherche… Ce qui va conduire Alix de Saint Venant jusqu’à Saint-Pétersbourg. « Une importante collection de plantes Vilmorin se trouve à l’institut Vavilov, du nom d’un ingénieur agronome qui transféra en 1914 des milliers de graines en Russie.» Une version résumée d’une incroyable épopée, qui traversa un siècle, malgré guerres et disettes.

© Gary Rogers

Donner ses collections pour mieux les conserver

Sur ce terrain, la France ne supporte pas la comparaison. « Nous sommes le seul grand pays qui ne dispose pas d’une structure dédiée de conservation », s’insurge la botaniste. Collectionner est une chose. Conserve en est une autre. Pour cette raison, le château de Valmer a décidé de confier différentes collections à des structures spécialisées. Les gourdes, entre autres espèces, sont allées au Jardin historique en partie géré par le Centre Régional des Ressources Génétiques d’Île-de-France, à Savigny-le-Temple. D’autres ont été confiées dès son ouverture au Centre de Ressources de Botanique Appliquée à Lyon. La passion d’Alix de Saint Venant aurait-elle succombé à ces contingences ? Pas le moins du monde. Elle conserve encore une jolie gamme de variétés potagères. Et elle vient de se lancer dans la production de raisins. Autant dire qu’une nouvelle collection de cépages est en cours de création. À voir et à déguster au château de Valmer.

CONTACT

Dominique Daviot

Secrétaire général de la Section Plantes potagères et florales – Gnis