La filière française de semences de céréales prête pour demain !
Jeudi 8 avril, SEMAE a réuni par visioconférence plus de 130 acteurs de la filière qui ont assisté à la Rencontre Filière Semences Céréales et Protéagineux 2021. André-Jean Guérin, membre de l’académie d’Agriculture et administrateur de la Fondation pour la Nature et l’Homme était le grand témoin de cette matinée.
Thierry Momont, président de la Section Céréales à Paille et Protéagineux de SEMAE a ouvert cette rencontre en rappelant qu’au sein de l’interprofession, qui a désormais pour nom SEMAE : « Des mutations profondes sont en cours avec, notamment, l’arrivée de nouveaux membres parmi le Conseil d’administration qui nous permettra d’améliorer la représentativité de notre organisation. Les membres de la section se sont exprimés en faveur de l’entrée de nouveaux représentants de la vie syndicale ainsi que des trieurs à façon, s’ils souhaitent participer à nos travaux. C’est un signal fort, et je sais la grande sensibilité du sujet pour les métiers de la multiplication et de la production de semences certifiées de céréales à paille et de protéagineux. Les premiers contacts ont été pris en ce sens et nous ne manquerons pas de vous tenir informés sur les résultats de ces échanges ».
SEMAE qui représente « toutes les semences pour demain » se construit autour de 4 valeurs clés : la solidarité, l’ouverture et la transparence, l’innovation et le progrès et la responsabilité. Des valeurs qui ont servi de fil conducteur à cette Rencontre Filière.
André-Jean Guérin, grand témoin de cette matinée, a fait part dès le début de son optimisme en considérant que la société et l’agriculture avaient avancé dans la bonne direction grâce à une évolution de l’opinion publique et des agriculteurs. Il espère que la société va enfin pouvoir se réconcilier avec la science, sans nier les inquiétudes générales car les enjeux sont considérables.
La protection des semences 2.0
Au cours de la première table ronde, les intervenants ont évoqué les alternatives aux traitements de semences conventionnels pour accompagner le progrès génétique.
Le but est d’associer des produits de protection des plantes avec des fertilisants afin d’améliorer la résistance aux agresseurs et aux changements climatiques tout en privilégiant le rendement. La semence représente le vecteur idéal pour amener les biostimulants à la plante et de nombreuses solutions existent déjà ou bien sont à l’étude.
Les nouvelles orientations vers des enrobages ou pelliculages ont été présentés, s’appuyant sur des produits de biocontrôle pour lutter contre des pathogènes, ou de la biostimulation pour agir sur la croissance et la physiologie de la plante D’autres voies prometteuses ont été évoquées, comme le traitement des semences avec de la vapeur pour en assurer leur protection.
Le progrès variétal à la conquête du territoire
Afin de respecter les engagements du Grenelle de l’environnement en terme de diminution des traitements phytosanitaires, la technologie a permis d’identifier, à partir des années 2000 les gènes de résistance et ainsi de cumuler dans la même variété plusieurs résistances. Les débats ont mis en avant la nécessité d’utiliser des technologies de pointe, comme le marquage moléculaire, pour pouvoir sélectionner des bases de résistance plus diverses, plus difficiles à contourner pour les pathogènes, donc plus durables. Pour cela l’aspect financier a aussi été évoqué, avec le besoin d’une certaine stabilité de taille de marché qui permette de continuer à rémunérer la recherche, dont le coût correspond à 15 à 18 % du chiffre d’affaires du secteur.
A ce propos, Thierry Momont réclame la possibilité de pouvoir travailler sur la semence et pense que pour trouver des solutions génétiques il faut un financement équitable de la recherche qui ne doit pas reposer uniquement sur les agriculteurs, mais sur l’ensemble de la société avec des schémas directeurs cohérents. Car, le progrès doit être partagé par tous et financé par tous.
Les intervenants furent unanimes pour constater que le progrès génétique qui résulte de cette recherche variétale, a d’ores et déjà permis une très nette amélioration du niveau de résistance aux maladies et de la qualité technologique des variétés inscrites au catalogue sur les 40 dernières années. Et même si le progrès génétique a fortement ralenti ces dernières années, tous s’accordent à dire que sans lui pour faire face aux aléas climatiques, nous ferions actuellement face à une régression qualitative et quantitative des productions.
Protéines : en route vers l’avenir
Malgré les difficultés traversées au cours des dernières années, la filière protéine française voit aujourd’hui émerger de nouvelles opportunités prometteuses, avec un nouveau plan de relance protéines, mais aussi de nouveaux marchés en développement. De nombreuses pistes ont été débattues autour de la façon dont la filière semence peut saisir ces opportunités.
La principale : arriver à produire de nouvelles variétés plus économes en intrants et avec un rendement supérieur, afin de pouvoir accroître notre souveraineté protéique, élément important des Etats généraux de l’alimentation. Cette autosuffisance protéique vise aussi bien l’alimentation animale importatrice nette de tourteaux, que l’alimentation humaine (notamment au travers des pois protéagineux), avec de nombreuses innovations possibles comme par exemple, les pâtes à tartiner chocolatées à base de fèverole. Mais là aussi, la question vitale de la rentabilité des cultures et celle du financement de la recherche sont évoqués, car ils ne sont actuellement pas au rendez-vous.
Une matinée riche en échanges et en solutions pour faire face aux prochains défis de l’agriculture. André-Jean Guérin a particulièrement remarqué la volonté de dialogue, la synergie, voire la convergence et l’ouverture qui vise à répondre aux attentes des consommateurs et des citoyens, afin de diminuer l’utilisation de produits phytosanitaires. « Une ouverture qui va être très prochainement mise en place avec la création d’une 9ème section dédiée à la diversité des semences et regroupant l’ensemble des acteurs de toutes les formes et tous les usages de semences » a conclu Thierry Momont.
Le replay de la Rencontre Filière Semences de Céréales à paille et Protéagineux est disponible :
https://youtu.be/CrHGp24yU5c
Contacts :
Julien CONSTANT
Secrétaire général de la Section Céréales à paille et Protéagineux
01 42 33 78 01
julien.constant@gnis.fr
Rosine DEPOIX
Chargée de mission médias
01 42 33 88 29 – 06 66 46 74 70
rosine.depoix@gnis.fr