L'interprofession des semences et plants
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La betterave fourragère : plus moderne que jamais

05 février 2021

Beta vulgaris a très longtemps constitué l’une des bases de l’alimentation hivernale du bétail en Europe. En France, elle représentait plus de 800 000 hectares en 1950. Source d’énergie concentrée, elle accompagnait en général les foins dans l’auge. Puis l’agrandissement des élevages et les différentes politiques agricoles n’ont pas favorisé la betterave fourragère. Les surfaces ont ensuite diminué. Il faut avouer qu’elle était souvent synonyme de travail manuel. Les anciennes variétés étaient multigermes. Il fallait « démarier » plante par plante en cas de semis en place ou réaliser une pépinière, puis repiquer. D’autre part la distribution se faisait au panier et à la brouette, avec parfois le coupe racine.

Avec les variétés monogermes

La betterave fourragère est aujourd’hui mécanisable du semis à l’auge. La monogermie génétique est une belle illustration de ce que peut amener l’innovation au travail de l’agriculteur. Une graine donne une plante.

La semence est présentée de façon pratique, sous la forme de perle grâce à un enrobage qui peut contenir ou pas une protection phytosanitaire. Il existe des semences enrobées pour l’agriculture biologique. Cette forme est beaucoup plus facile à semer avec précision.

Avec la mécanisation de la culture

Le semis de la betterave peut s’effectuer dès la fin mars (selon la région). Les semoirs pour semis en place sont maintenant omniprésents. La préparation du sol est simple : sol ameubli, surface aplanie, profondeur de semis à 2-3 cm et 120 000 graines par hectare. La largeur entre les rangs va dépendre de l’arracheuse, il faut donc prévoir. La sensibilité au gel de la plantule est de – 3°, la date de semis dépendra donc de ce risque. La gestion du désherbage peut s’effectuer par la chimie et/ou de façon mécanique par le binage, avec par exemple des outils qui renvoient de la terre sur le rang pour étouffer les plantules d’adventices, alors que la betterave va parvenir à surmonter de légers enfouissements. Pour réussir, il faut être réactif et agir au bon moment. Il est important qu’il n’y ait pas ou peu de mauvaises herbes dans le silo. L’été, en cas de période sèche, comme en jardinage, un binage vaut 3 arrosages. D’ailleurs il faut souligner l’excellente aptitude de la betterave à résister. Elle peut « faner » puis redémarrer sans préjudice. Elle constitue ainsi une des solutions fourragères pour s’adapter au changement climatique. Si elle résiste au chaud, elle se démarque aussi positivement en zone froide où elle offre également une bonne productivité.

Avec de bons rendements

La productivité impressionne toujours, même les éleveurs qui l’utilisent depuis longtemps. 100 à 130 tonnes sont des rendements classiques, ce qui représente 18 tonnes de matière sèche, soit plus de 20 000 UFl par hectare. L’encombrement n’est que de 0,6 UEL, ce qui permet à la vache de consommer globalement beaucoup plus de matière sèche par la ration de base et fait économiser le concentré.

Parole d’éleveur : « la betterave fourragère éloigne le vétérinaire. Il y a en effet un impact indéniable sur la santé animale. C’est un fourrage vivant au cœur de l’hiver ! ».

Il faut préciser que les betteraves, même terreuses dans le silo, n’amènent pas de butyriques car il n’y a pas de fermentation. La betterave reste vivante !

Avec sa place dans la transition agro-écologique

La betterave doit être aussi considérée comme une plante environnementale. Elle diversifie la ration et la rotation. Elle héberge une faune importante tels l’alouette, le lièvre, la perdrix et bien d’autres espèces. Elle est une excellente tête de rotation. Elle valorise très bien les effluents d’élevage car elle consomme des éléments fertilisants même l’été jusque tard à l’automne. Elle est un excellent piège à nitrates.

Au niveau de l’exploitation, la réintroduction de la betterave permet aussi de mieux étaler les pointes de travail.

Parfois, en fonction de l’intensification fourragère de l’exploitation, il est possible de repiquer les betteraves, semées d’abord en pépinière. Le repiquage se fait mi-mai, par exemple derrière un méteil. Ceci peut être particulièrement intéressant en agriculture biologique mais aussi tout à fait envisageable en conventionnel ou en système intensif.

Avec sa diversité d’utilisation

La betterave fourragère est tout à fait mécanisable lors de la distribution et peut faire partie de rations plus complexes préparées dans une mélangeuse. Par ailleurs, la betterave peut aussi se pâturer. Dès la mi-août, un pâturage peut être organisé au fil. Dans ce cas, il sera avancé chaque jour et il faut prévoir 10 m² par vache. La vache consomme tout : racines et feuilles. Les feuilles sont riches en protéines. Les racines et les feuilles représentent 90 gr de protéines par kg de matière sèche. Bien sûr l’éleveur économisera en plus les frais d’arrachage.

Avec des variétés modernes

Pour bien choisir la variété, il y a plusieurs critères à prendre en compte. Le premier est la teneur en matière sèche. Ce taux va déterminer l’usage. A moins de 16 %, les betteraves ont un usage polyvalent. Elles peuvent être pâturées, distribuées entières ou coupées. Entre 16 et 18 %, les betteraves se conservent plus longtemps et sont plus dures, il est préférable de les couper. Au-delà de 18 %, il est nécessaire de les couper. A ce taux, les racines sont plus riches en saccharose et doivent être incorporées avec précision dans la ration. Un autre critère de choix variétal concerne la tolérance à 2 maladies distinctes : le rhizoctone brun et la rhizomanie. Une variété peut être (ou pas) tolérante à l’une ou l’autre maladie ou aux deux.

On peut même choisir la couleur : du blanc au rouge, en passant par le jaune, l’orange et le rose.

Il y a encore tant d’informations à donner, de choses à dire sur les bienfaits zootechniques, agronomiques, économiques et environnementaux de la betterave fourragère, qu’un site internet lui est consacré : www.betterave-fourragere.org.

 

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