L'interprofession des semences et plants
0

Intercultures et faune sauvage : compatibilité et synergie

17 juin 2021

Cultiver des plantes d’intercultures est une pratique maintenant bien répandue. Si celle-ci a d’abord été promue par la réglementation, les agriculteurs ont rapidement pu constater les nombreux impacts positifs, agronomiques, environnementaux mais aussi sociétaux, de l’implantation de cultures intermédiaires. Un véritable intérêt pour ce sujet est ainsi né, accompagné d’un fort besoin d’informations techniques sur la diversité des plantes utilisables et des services rendus.

L’implantation de couverts végétaux entre deux cultures permet de réduire l’érosion du sol en limitant l’effet du ruissellement de l’eau en surface et en favorisant son infiltration. « Il vaut mieux voir couleur de l’eau que de la boue ! ». Ces fonctions sont favorisées par des plantes à racines fasciculées et un port gazonnant. Les plantes de la famille des poacées (graminées) réunissent ces deux qualités.

Il faut prendre en compte le flux de l’eau, mais aussi sa qualité. Le principal critère de la qualité est sa teneur en nitrates. Or, en fin d’été, la présence de nitrates est à la fois normale et peu prévisible quantitativement car elle dépend de plusieurs facteurs : la productivité de la culture récoltée et ce qu’elle a consommé, la minéralisation dans le sol qui est très liée à la température et les apports qui ont été réalisés. Tout ceci aboutit à un reliquat azoté qu’il convient de faire capter par une plante gourmande en azote, avant la période hivernale. Cet azote se retrouve alors fixé et stocké sous forme organique, avant d’être l’objet d’une minéralisation l’année suivante. Les plantes de la famille des brassicacées (crucifères) sont généralement de bonnes candidates pour rendre ce service.

L’utilisation de légumineuses n’est pas forcément incompatible avec le fait de vouloir capter un reliquat azoté. Bien que les plantes de cette famille soient à même de fixer l’azote de l’air, elles sont aussi capables de puiser dans le stock d’azote du sol. Ou bien, semées en mélange avec des plantes d’autres familles, elles laissent le soin de capter l’azote du sol à leurs voisines pendant qu’elles se contentent de capter et de fixer dans leur rhizosphère l’azote de l’air.

Avec le risque d’érosion par l’eau, le risque d’érosion par le vent ne doit pas être négligé. Si le sol est nu et les conditions séchantes, surtout en sol limoneux, les particules légères, qui sont aussi les plus riches, sont emmenées par le vent. La présence d’une plante, culture principale ou interculture, réduit considérablement ce phénomène.

Certaines plantes d’intercultures peuvent, grâce à un système racinaire puissant qui se développe rapidement, améliorer la structure du sol. Certains systèmes racinaires pivotants sont même capables de descendre en-dessous de la semelle de labour, s’il y en a une.

La lutte contre des parasites tels les nématodes peut passer par le semis de variétés anti-nématodes (certaines navettes, moutardes, radis).

Le choix des espèces de plantes d’intercultures doit se faire en fonction des services attendus mais aussi en s’assurant qu’il y ait une rupture sanitaire entre les plantes cultivées et ces plantes de service. Le choix d’espèces de familles différentes est alors pertinent. Certaines n’ont aucun lien familial avec des principales plantes cultivées comme la phacélie ou le sarrasin.

En plus des fonctions agronomiques et environnementales, les intercultures rendent également service à la biodiversité en assurant le gîte et le couvert aux insectes et à la faune sauvage.

La présence et le maintien d’insectes pollinisateurs, et pas seulement l’abeille domestique, sont bien sûr essentiels pour permettre la reproduction sexuée de certaines plantes, dont des plantes cultivées, et plus globalement pour conserver un patrimoine de biodiversité. L’opinion publique est sensible à ce sujet et les agriculteurs ne le sont pas moins. Lors de belles journées d’intersaison, les légumineuses, les crucifères, la phacélie, le tournesol, le sarrasin peuvent présenter des fleurs intéressantes pour les insectes.

Le second aspect sociétal concerne l’aide que peuvent apporter les plantes d’intercultures à la faune sauvage. Si la motivation est importante auprès des amateurs de chasse, ces actions favorisent non seulement le « petit gibier », mais aussi toute la faune en général. C’est souvent l’occasion de faire œuvre commune entre agriculteurs et chasseurs.

Les préoccupations agronomiques doivent rester prioritaires : dates de semis possibles, compatibilité avec la rotation et la culture prévue l’année suivante, services attendus de la plante de couvert.

Il est également important de considérer les besoins de la faune sauvage. Nous sommes en intersaison, donc hors période de reproduction. Les animaux ont subi le stress des enlèvements de récolte. Ils doivent à nouveau pouvoir se nourrir, se cacher, voir sans être vus, se repérer, se détendre.

Les plantes doivent donc correspondre à leurs régimes alimentaires, animaux à plumes ou à poils. Une alternance de végétation rase et haute est idéale. On peut distinguer 4 types de plantes quant à leur morphologie et impact sur la faune :

  • Les plantes « gazon » : tel le trèfle incarnat, qui offre un espace ouvert, où les animaux voient loin, se déplacent à découvert ;
  • Les plantes « jungle » : la végétation est étouffante, les animaux s’y dissimulent et s’y déplacent difficilement, tel le ray-grass d’Italie ;
  • Les plantes « phare » : comme un phare au bord de la mer, des plantes éparses et hautes vont permettre aux animaux de se repérer : tournesol, féverole ;
  • Les plantes « parapluie » : la végétation couvre bien la parcelle, mais pas le sol. Les animaux sont dissimulés mais se déplacent aisément sous les feuilles : le chou, le colza.

Le nombre d’espèces d’intercultures est important, de même que la diversité des situations. C’est pourquoi SEMAE, l’Interprofession des semences et plants, a mis à la disposition de tous un OAD (outil d’aide à la décision), via une application pour smartphone sous Android et iOS ainsi que sur Internet. Il suffit de taper « oad couverts faune sauvage » dans le moteur de recherche de Google Play ou de l’App Store.

Le principe de cet OAD est de répondre à 5 questions-clés sur la situation agronomique et culturale. Au fur et à mesure que l’utilisateur répond à ces questions, les plantes incompatibles s’éliminent de la liste des 25 du départ. A la fin, il ne reste que les plantes conseillées avec une fiche détaillée sur les caractéristiques de chacune. Il est aussi possible de vérifier que les besoins des animaux seront satisfaits et de définir d’éventuels autres services que l’agriculteur peut attendre.


Pour répondre à la grande variabilité des situations et des attentes, la diversité des plantes de cultures intermédiaires est un outil essentiel au service de l’agro-écologie.

 

Télécharger ce communiqué de presse

OAD couverts faune sauvage sur le web

OAD couverts faune sauvage sur Google Play

OAD couverts faune sauvage sur l’App Store

Contacts :

Bruno OSSON
Technicien Développement
03 20 61 28 64
bruno.osson@gnis.fr

Rosine DEPOIX
Chargée de mission médias
01 42 33 88 29 – 06 66 46 74 70
rosine.depoix@gnis.fr