« L’innovation variétale au service d’une agriculture saine, sûre et durable »
Depuis le 1er janvier 2017, l’usage de produits phytosanitaires dans l’espace public est interdit. La filière semences et plants se mobilise pour proposer des alternatives, tout en garantissant la qualité sanitaire des cultures. Aux côtés de l’agronomie, l’amélioration des plantes et le travail de la semence représentent des leviers de performance indispensables.
Franck Berger
Président de l’Union Français des Semenciers (UFS)
Les Etats généraux de l’alimentation (EGA), lancés en juillet 2017, veulent promouvoir une alimentation (et donc une agriculture) saine, sûre et durable. Est-ce une exigence nouvelle ?
Bien sûr que non ! Depuis le Néolithique, l’amélioration des plantes et des techniques de culture est à l’origine de progrès majeurs pour fournir une alimentation abondante, diversifiée, sûre et accessible au plus grand nombre. Les attentes des consommateurs évoluent constamment. Et les agriculteurs et transformateurs doivent les satisfaire en proposant des produits adaptés.
Quelles solutions la filière semences et plants apporte-t-elle ?
L’innovation variétale répond aux attentes exprimées lors des EGA, mais dans le temps imposé par le développement d’une nouvelle variété, soit de six à vingt ans de travail, selon les espèces. Les consommateurs en sont parmi les premiers bénéficiaires : les colzas et tournesols offrent désormais des huiles de qualité pour la santé ; la maturité des melons vendus n’est plus aléatoire ; et la culture des haricots se passe enfin de produits phytosanitaires pour lutter contre l’anthracnose (maladie fongique provoquée par un champignon parasite, ndlr). Trois résultats obtenus grâce à l’amélioration des plantes.
Justement, les entreprises semencières travaillent-elles sur les maladies des plantes ?
Les semenciers intègrent depuis longtemps des caractéristiques de résistance aux maladies dans la sélection des plantes. Par exemple, chez les légumes, 250 programmes ont été recensés chez nos adhérents. Pour cela, ils explorent la biodiversité existante, depuis les ressources génétiques, sauvages ou cultivées, jusqu’aux variétés commerciales déjà disponibles. De son côté, la recherche publique doit poursuivre ses travaux en amont pour développer de nouvelles stratégies de lutte génétique contre les maladies et les ravageurs des plantes.
Les OGM sont-ils une voie à explorer pour se passer des produits phytosanitaires ?
Ce n’est pas la voie retenue par la France. Il faut rappeler qu’un OGM est complètement différent des méthodes d’amélioration qui associent les gènes par croisement sexué ou produisent des mutations au sein du génome de la même plante. Un débat existe actuellement sur la classification de certaines méthodes plus récentes, et l’UFS a proposé, en 2016, un arbre de décision pour appliquer la réglementation existante. Quand il n’y a pas d’insertion ciblée d’un gène étranger dans une plante commercialisée, ce n’est pas un OGM.