A Marans, les mauvaises herbes restent à distance des terrains de sport
Au coeur du marais Poitevin, les 32 hectares d’espaces verts de la commune de Marans sont entretenus sans produits phytosanitaires et avec peu d’engrais. Les terrains de rugby et de football bénéficient de la même gestion avec de très bons résultats, grâce à un excellent entretien et à une parfaite maîtrise des espèces plantées.
Dès l’entrée de la ville, le ton est donné. À côté des quatre fleurs du label « Villes et Villages Fleuris », l pancarte de la Charte Régionale pour la réduction des pesticides affiche un quatrième papillon. « Depuis 2012, nos équipes n’utilisent plus aucun produit phytosanitaire, explique Maurice Messahel, responsable des six jardiniers du service des espaces verts de la commune. Jardins, rues, cimetière… le régime est le même pour tout le monde, y compris pour les trois terrains de rugby et les deux de football. L’annexe de rugby a été plantée en août 2013 avec du ray-grass anglais et de la fétuque élevée. Ces deux espèces composent résistantes, ces graminées s’adaptent bien aux sollicitations des crampons des joueurs et au climat de notre région ». En plus de leur résistance au piétinement, elles laissent peu de place au développement des mauvaises herbes.
Observer, ne pas se précipiter
Quels que soient les terrains, l’entretien est le même : un ou deux sablages pour drainer à raison d 30 tonnes de sable en fin de saison sportive et 30 tonnes à l’automne, un décompactage à l’automne pour casser les mottes et alléger le sol, deux apports d’engrais (contre cinq il y a encore deux ans), de l’eau si besoin et surtout, aucun désherbant sélectif ! Force est de constater que les mauvaises herbes restent à distance. « Certes il y a bien quelques pâquerettes, un peu de trèfle ou de plantain ici ou là mais pas de quoi déstabiliser les joueurs, » poursuit Maurice Messahel. « Ma devise : observer, ne pas se précipiter. La nature nous apprend beaucoup. La tonte est plus courte pour les terrains de football : à 3 cm, contre 4 pour le rugby. L’herbe est ramassée à l’aide d’une balayeuse. Notre tactique consiste à alterner le sens de tonte : une fois dans le sens de la largeur, une dans celui de la longueur et une en diagonale. L’objectif est d’éviter la formation d’ornières lors du passage répété de la tondeuse (1,80 m de large) au même endroit. Ce travail rigoureux est toujours confié à la même personne ».
« La qualité et le rythme de la tonte sont capitaux ».
Biner, arracher plutôt que traiter
Ne plus utiliser de produits phytosanitaires procure un réel confort de travail aux jardiniers : fini le port du masque et des gants ! « Certes nous passons plus de temps à biner et à arracher mais ces travaux nous rapprochent des plantes. Nous les observons mieux. Et puis nous laissons faire la nature. Dans les massifs, certaines espèces ont fait leur réapparition et avec elles, une faune bien spécifique ». Aujourd’hui, les allées et jardins comptent plus de 1600 espèces dont beaucoup sont conservées et bichonnées dans les serres de la ville. Quant aux palettes de couleurs et de verdures disséminées au fil de la ville, elles font le bonheur des nombreux touristes qui sillonnent chaque année les canaux et les pistes cyclables de la commune.
© Terre-écos
Thierry Belhadj, Maire de Marans
« Depuis 2009, la commune de Marans adhère à la charte régionale « Terre Saine » pour limiter l’usage des pesticides. Entre 2009 et 2011, les quantités utilisées ont été réduites de 90 % et dès 2012, l’objectif de zéro pesticide a été atteint. Aux « trois papillons » obtenus à l’échelle régionale, un quatrième vient de s’ajouter, signe d’une reconnaissance nationale. Seules 50 collectivités ont obtenu cette récompense : une fierté pour les jardiniers bien sûr, mais aussi pour les équipes techniques et les habitants qui participent, seuls ou au sein des conseils de quartier, au désherbage manuel des rues et au fleurissement des allées ».