Journée interprofessionnelle occitane : Nourrir demain
SEMAE, l’interprofession des semences et plants, a organisé sur le site d’Arterris le 14 novembre, une journée de débats et d’échanges autour du thème : « Nourrir demain : semences, eau, biodiversité, pour la souveraineté alimentaire ».
Les semences et plants sont au cœur de la souveraineté alimentaire grâce à une filière française d’excellence et compétitive. Ce secteur, particulièrement dynamique, permet à la France d’être le leader européen pour la production et le 1er pays exportateur mondial de semences agricoles avec un excédent commercial de 1,1 Milliard € en 2022.
Les acteurs de la filière ont toujours été présents aux côtés des agriculteurs. Cette souveraineté, que l’on pensait acquise, est aujourd’hui questionnée. L’Occitanie fait partie des régions leader en production de semences et à ce titre elle se trouve aujourd’hui face à de nouveaux défis que la filière doit relever : soutenir la capacité productive, l’innovation et développer l’attractivité de ses métiers.
C’est dans ce contexte que s’est tenue la 1ère journée interprofessionnelle en région de la filière semences et plants à Castelnaudary. Elle comprenait une matinée consacrée à de débats et un après-midi de découverte de l’activité semencière du site industriel Arterris. Les échanges de la matinée se sont articulés autour de trois tables rondes avec des experts sur les problématiques majeures de notre filière dans la région : l’eau, l’innovation et la baisse de la consommation du Bio.
Comment maintenir notre souveraineté semencière dans une France en tension sur l’eau ?
L’eau est un bien commun dont les usages sont multiples tant pour l’activité humaine que pour ses impacts environnementaux. Comme l’a souligné Jean-Pierre Alaux, Président de la section plantes potagères et florales de SEMAE : « Pour notre filière, l’irrigation est un facteur indispensable pour sécuriser l’approvisionnement en semences de qualité ».
De son côté, Jean-Marie Aversenq, directeur général du SMMAR EPTB Aude (Syndicat mixte milieux aquatiques et des rivières de l’Aude) a suggéré : « Continuons à faire des économies et partageons la ressource eau en travaillant sur l’adaptation de nos modèles économiques dans un souci de solidarité et de durabilité ». Jean-François Monod, président de la SICA (Société civile d’intérêt collectif agricole) Irrigation a insisté : « Il est nécessaire d’avoir une gestion plurielle de l’eau ».
La conclusion de cette 1ère table ronde est que les politiques de stockage et de prélèvement de l’eau doivent intégrer le caractère stratégique des productions, notamment de semences et plants, et nécessitent l’instauration d’un dialogue permanent entre tous les acteurs pour assurer un juste partage de cette ressource.
Quelles innovations la société est-elle prête à accepter pour accélérer la transition écologique ?
L’innovation est au cœur de la transition agroécologique et peut se révéler un outil puissant à condition d’assurer l’accès à tous aux technologies et de sécuriser son financement.
Comme souligné par Pierre Pagès, Président de SEMAE, au cours de l’introduction à cette journée, « La filière semences et plants, notamment les obtenteurs, investit 13 % de son chiffre d’affaires dans la recherche. Notre métier consiste à répondre à tous les besoins et à tous les types d’agriculture tout en étant pleinement conscients que la principale difficulté est d’anticiper les variétés en qualité et en quantité afin de répondre à la demande».
Pour Benoît Joly, Président INRAE Toulouse Occitanie : « l’innovation génétique peut être une partie de la solution, mais elle doit être complétée par une réflexion sur la diversité dans notre système productif (diversité des variétés, des espèces, des paysages agricoles, des acteurs…) ».
Marie Coque, directrice scientifique Soltis, a ajouté que : « la diversité génétique est le carburant des programmes de sélections et donc que les sélectionneurs sont très attachés à sa conservation ».
Pour Monica Menz, directrice générale Innolea : « les outils d’édition génétique ont un potentiel énorme pour accélérer l’adaptation des plantes aux besoins de l’agriculture de demain : sobriété en eau, tolérance aux ravageurs et pourquoi pas production avec des plantes compagnes ».
Baisse de la consommation du bio : les semences dans l’impasse ?
Les attentes et les objectifs en termes de production agricole biologique sont très élevés : une politique volontariste du gouvernement qui réaffirme, dans le cadre du Plan national stratégique PAC, l’objectif d’atteindre 18 % de la SAU (Surface agricole utilisée) en 2027.
L’Occitanie fait partie des régions les plus avancées en matière d’agriculture biologique et la filière semences et plants, en tant que filière amont, se doit d’être à l’appui de ce développement en proposant des semences biologiques pour les filières végétales.
Cependant, comme l’a souligné Laurent Palau, consultant de la société Pentagramme : « la technicité supplémentaire que requiert cette production, les écarts de productivité, et parfois les contraintes réglementaires, peuvent conduire à une offre qui n’est pas jugée suffisamment attractive par les utilisateurs de semences ».
Daniel Gerber, Vice-président d’Interbio, a invité l’assemblée à réfléchir les stratégies de développement des semences biologiques sur le temps long et non pas à se limiter au ralentissement conjoncturel que rencontre l’agriculture biologique. Il a souligné par ailleurs, avec Anne Glandières, Chargée de mission agriculture biologique à la Chambre régionale agriculture Occitanie, que l’innovation variétale est aussi un enjeu majeur pour les productions AB.
En concluant cette matinée de débats, Vincent Labarthe, Vice-président de la région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée, a rappelé que les semences sont à la base de toutes les productions agricoles. Au sujet de l’irrigation, il considère que les réflexions autour des créations de ressources ne peuvent s’envisager qu’avec un large partenariat entre les représentants de tous les usages. Ce développement doit, en plus, se concevoir avec une gouvernance la plus locale possible. Avec plus de 250 signes de qualité officiels, la région est, bien évidemment engagée pour l’excellence des productions agricoles et reste mobilisée pour accompagner l’agriculture biologique.
En remerciant Vincent Labarthe pour son intervention, Pierre Pagès a souligné l’importance pour la filière de travailler de concert avec le Conseil régional : « Nous avons conscience que l’année 2023 représente une année de transition pour les semences occitanes et françaises, car il s’agit de maintenir l’intérêt des agriculteurs multiplicateurs, de trouver une nouvelle équation économique face aux prix des intrants et de l’énergie, de s’adapter aux possibles restrictions d’eau et d’assurer l’approvisionnement en quantité de semences de qualité. Nous sommes prêts à relever ces défis grâce à une filière fortement implantée et structurée, à un réseau d’agriculteurs multiplicateurs motivés et passionnés, à des stations de recherche et des usines de semences d’excellence, à une innovation variétale dynamique afin de trouver des solutions d’avenir en maintenant et en développant notre compétitivité tout en conciliant un objectif indispensable de durabilité.», a conclu Pierre Pagès à l’issue de cette première journée interprofessionnelle dédiée aux semences occitanes.
Occitanie : terre de semences
Grâce à une superficie de production de semences de 56.000 ha, la région Occitanie s’affirme en tant que leader français dans la production de semences destinées à l’alimentation humaine, notamment le blé dur, les oléagineux (tournesol ; colza) et le pois chiche. Elle se positionne également comme la deuxième région française de production de semences et la troisième pour les semences biologiques. Elle se démarque également par la diversité de ses productions : ce sont plus de 80 espèces et 2 800 variétés qui sont ainsi cultivées dans la région. La filière semences et plants génère ainsi de la valeur dans les territoires occitans et soutient l’agriculture locale et l’emploi en zone rurale.
Cette filière se distingue par la diversité de ses acteurs qui, au total, représentent 2 400 emplois directs, soit 22 % de l’emploi dans la filière. La recherche est bien représentée avec 25 stations de création variétale. En Occitanie on compte aussi 37 sites de production qui vont de l’artisan semencier à des entreprises internationales en passant par des TPE, PME et des ETI. Ces dernières offrent des opportunités de contrats sécurisés et encadrés à plus de 3 100 agriculteurs producteurs de semences. Ces semences sont mises à disposition des agriculteurs et des jardiniers dans 1752 points de vente.
À propos de SEMAE
SEMAE, l’interprofession des semences et plants, représente l’ensemble des acteurs de la filière soit 54 fédérations et associations professionnelles. Elle les accompagne afin de leur permettre de répondre aux enjeux alimentaires, climatiques, économiques et sociétaux.
Au sein de SEMAE, la Direction de la qualité et du contrôle officiel des semences et plants est chargée de l’exécution des missions de service public et a la charge de faire appliquer les règlements techniques du ministère de l’Agriculture concernant la production, le contrôle et la certification des semences et des plants.
La filière semences et plants française est une filière d’excellence et compétitive avec un chiffre d’affaires qui s’élève à 3.9 Md€, la France est le 1er producteur européen (370 000 ha) et le 1er exportateur mondial (2,2 Md€). Elle génère 11.000 emplois directs.
Contacts :
Eléonore MASSON
Responsable des relations interprofessionnelles Sud-Ouest
06 65 48 22 04